samedi 5 juillet 2008
Au revoir Cobor, en avant les Carpates!
Adieu Cobor, mais pour un temps seulement! du mal a croire, en partant, que l`on ne peut pas revenir a cet endroit si beau! Ce fut pour moi un vrai bol d`air, dans un lieu vraiment vivifiant!
Fin juin, le temps est venu, pour Anne et moi, de continuer notre route. Anne a Iaci, en moldavie roumaine, et moi, je ne savais pas trop ou, avant d'aller dans une autre ferme.
Mais j'avais tres envie de marcher dans les Carpates. Envie d'experimenter le temps lent de la marche, qui est le temps le plus en harmonie avec le rythme de l'Homme, dans ces montagnes dont rien que le nom fait rever! Juste etre la, entre l'espace et le temps.
Depart a 2000 m d'altitude, de la Cabana Miorita (refuge). J'ai commence ma marche dans cet etat d'esprit. Libre car confiante. J'etais, a priori, sans danger, puisqu'a une altitude elevee, au dessus des forets ou tronent les ours.
Seule dans la plaine (tres peu de touristes a cette periode), petit element entre le ciel et la terre. L'espace immense m'etait ouvert. Au coeur de la vie et du vide. Un grand bol d'air en plein desert avec seulement quelques marquages pour indiquer mon chemin.
Puis un ours est apparu sur mon chemin. Il est arrive sur ma gauche, de la plaine, perpendiculaire a mon sentier. Il avancait d'un pas lent, calme. C'etait probablement un male car pas tres grand et seul. Des que je l'ai vu, grande respiration et "Oh putain!", j'ai continue tout droit, sans oser regarder de nouveau dans sa direction, en esperant qu'il ne me suive pas! Longtemps apres, je me suis retournee. Il n'y avait plus rien. Reve ou realite? Le fait est que j'ai vraiment eu peur, j'etais seule; il y avait une voiture au loin et un berger avec des vaches. Mais tu ne peux pas imaginer que ta vie va s'arreter la, attaquee par un ours et seule! Tu te dis que toujours il y a une solution.
Je suis allee vers le berger, qui n'etait pas vraiment inquiet. J'etais a environ 1h30 du prochain refuge, de la "Cabana". J'ai continue un peu, "pour voir". Apres le prochain virage, c'etait un passage dans la foret qui m'attendait. Je devais prendre une decision: continuer ou rebrousser chemin? Continuer, au risque de croiser d'autres ours. J'etais au milieu de nulle part et je devais prendre une decision. Comme quoi, ou que nous soyons, nous sommes confronte au choix! J'ai decide de rebrousser chemin. Je suis retournee a la Cabana Miorita, en partie avec le couple de Belges que j'ai croise de nouveau, environ la troisieme fois depuis le matin.
Adieu la foi en l'inconnu et en l'harmonie avec la nature! retour a la case depart, dans le milieu de l'apres-midi. J'ai amorce une liberte a laquelle j'ai renonce par peur de l'inconnu.
Cela dit, j'ai passe un bon moment a la Cabana Miorita. Apres m'etre rassasiee et rechauffee (a la Tuica! eau de vie locale), j'ai dormi pendant plusieurs heures, jusqu'en debut de soiree. L'experience m'avait epuisee. Les Belges etaient redescendus. Dans ce refuge, il y avait un roumain qui chantait aussi bien qu'un chanteur d'opera et s'en donnait a coeur joie. Il parlait francais; il connaissait Goerges Brassens, Renaud et son album en Ch'ti! Il a essaye de m'imiter l'accent! Il avait eu l'occasion d'aller dans le Nord. Encore une fois, j'ai vu un ours! Il s'est retrouve en sandwich entre moi, sur la colline, partie faire un petit tour, et les gens du refuge qui le faisaient fuir. Oups! Mais tout s'est tres bien passe, il etait en partie domestique, il venait chercher a manger dans la gamelle du gros Saint Bernard. Un homme des secours, present a ce moment, lui a parle, calmement, puis il est parti (l'ours). Le voici, cet ours:
Puis le lendemain, j'ai retente ma chance. Je ne savais pas trop si je devais insister, mais je ne pouvais pas croire qu'il etait impossible de traverser ces montagnes! Tout etait si bien balise, avec des Cabana un peu partout pour y passer la nuit!
Cette famille roumaine etait les premiers que je voyais qui partait marcher. Ils ont accepte que l'on marche ensemble, mais je me suis un peu sentie parasite. Nous avons passes de bons moment ensemble, mais je me suis quand meme greffe a leur randonnee. C'est toujours delicat, lorsque l'on veut a tout pris atteindre un but, de prendre le risque d'entraver la liberte des autres. Il s'est passe la meme chose le lendemain, je me suis joint a un groupe de moldaves pour atteindre le pic le plus eleve des Monts Bucegi, a 2507m d'altitude (oui, c'est bas pour le francais!).
La haut, l'ambiance etait tres etrange. Les deux filles qui tenaient la Cabana n'etaient pas tres chaleureuses. Jamais je ne me serai attendue a voir deux filles travailler la! Elles restent la tout l'ete, completement coupees du monde, pas d'eau courante ni d'electricite. Je me suis sentie dans une atmosphere aride. Si pres du ciel, la tete dans les nuages, mais les pieds sur le roc. Il y avait la deux jeunes roumains de 17 ans, venus passer la nuit avant de continuer leur route le lendemain.
Je suis redescendue seule le lendemain. J'ai pu renouveler l'experience de la marche seule, de nouveau tester les limites d'une telle entreprise. Je suis parvenue a mon but sans souci, j'ai pu profiter de l'espace vide. Au final, ce sont les humains qui sont le plus a craindre je crois!
Voila. Et puis j'ai pris le telepherique pour descendre a la ville la plus proche, Busteni. Il traversait de magnifiques falaises a pic.
Une fois en bas, l'orage a eclate et une pluie torrentielle est tombee.
"J'espere qu'un jour tu croiras en Dieu", m'a dit Florin. Oui, j'espere qu'un jour j'aurai la foi, qui me permettra de marcher sans fin sur une route inconnue! Je n'ai pas invente cela, De la marche, d'Henry David Thoreau, m'a beaucoup plu a ce sujet. C'est cette marche sans but, sinon celui de vivre l'instant present, que j'aimerai effectuer.
J'ai vraiment beaucoup aime ce moment dans les montagnes.
Florin est un etudiant de 21 ans que j'ai rencontre a la gare de Ploiesti. Je venais de louper mon train pour Targoviste, le dernier de la journee, apres pourtant 2h d'attente sur ce quai, en plein soleil! Je l'ai probablement tranquillement regarde partir, comme tous les precedents, absorbee par mes pensees et attendant qu'il soit annonce. Mais non, la voie n'a jamais ete annoncee et en plus il etait a l'heure! Bref, j'ai du choisir une autre destination. C'est en choisissant Brasov que j'ai rencontre Florin. Nous avons bien discute dans le train et au final, il m'a offert l'hospitalite de son petit appartement d'etudiant pour une nuit. La nuit s'est finalement transformee en un week-end!
Merci Florin d'avoir ete un si bon guide de Brasov, meme sous la pluie! et un bon hote. "Take care, take care, take care...", c'est ce qu'il n'a cesse de me repeter. "Surtout n'accepte jamais une telle invitation" (d'etre hebergee par un inconnu). "Ca veut dire que j'ai une bonne tete alors? La tete de quelqu'un d'honnete?". Il en etait tres content et tres fier. Les roumains sont tres attentifs a l'image qu'ils vehiculent a l'etranger. Ils sont persuades d'avoir mauvaise reputation et sont vexes de l'image que les gitans donnent de la Roumanie. Cela dit, c'est pas faux, nous assimilons facilement, je pense, les roumains aux communautes de Roms.
Florin parle un anglais a l'americaine, appris en regardant la tele (la plupart des films sont en VO, sous-titres en roumain) et se souvient assez bien du francais qu'il a appris a l'ecole. Il est surpris que je ne fume pas: dans tous les films francais, les acteurs fument! Il adore imiter l'accent francais en anglais, ce qui fut une grande lecon d'humilite pour moi bien sur...
Son reve est d'aller a Paris. Pour lui, la langue francaise est la plus belle du monde. Il aime sa melodie. C'est d'ailleurs parce que je suis francaise qu'il m'a invite chez lui. Il nous trouve toujours tres sympathique. Globalement, les roumains apprecient beaucoup les francais.
Puis j'ai quitte Brasov pour experimenter le Wwoof dans une autre ferme, pres de Ploiesti. Simona, je suis allee dans ton pays! Mais malheureusement, je me suis plutot ennuyee...mais chaque experience a son charme.
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